vendredi 28 novembre 2008

Intervenons!
On ne peut vraiment pas faire confiance à certains pays! Alors les grandes démocraties sont obligées de se mêler de tout. C'est ainsi qu'en ce qui concerne le traitement de l'atome, comment laisser l'Iran construire des centrales nucléaires comme n‘importe qui? De même, il a bien fallu intervenir en Irak et en Afghanistan pour les obliger à mener une vie démocratique calme et pacifique qui fait leurs délices aujourd'hui. Pour les mêmes raisons, il est bien évident que ce n’est pas à l’Afrique de s’occuper de son pétrole; ils n’ont pas le savoir-faire. Et maintenant, nous, les grandes puissances, nous devons en plus nous occuper d'écologie. C'est ainsi que quelques candidats à la Maison Blanche ont pensé qu'il fallait priver le Brésil de l'Amazonie en internationalisant cette immense forêt. En effet, l'Amazonie est ce qu'on appelle un poumon de la planète et on constate que le Brésil est incapable de le gérer convenablement au point de livrer des milliers d'hectares à des défrichages sauvages. Pendant un débat dans une université américaine, Cristovam Buarque, ministre brésilien de l'Éducation, fut interrogé sur l'éventuelle internationalisation de l'Amazonie et a répondu de cette façon :
"En tant qu'humaniste, conscient du risque de dégradation dont souffre la forêt amazonienne, je peux imaginer que l'Amazonie soit internationalisée... Mais si, au nom d'une éthique humaniste, nous devions internationaliser l'Amazonie, alors nous devrions internationaliser les réserves de pétrole du monde entier. Le pétrole est aussi important pour le bien-être de l'humanité que l'Amazonie l'est pour notre avenir. Et malgré cela, les maîtres des réserves de pétrole se sentent le droit d'en augmenter ou d'en diminuer l'extraction, comme d'augmenter ou non le prix du baril. De la même manière, on devrait internationaliser le capital financier des pays riches. Si l'Amazonie est une réserve pour tous les hommes, elle ne peut être brûlée par la volonté de son propriétaire, ou d'un pays. Brûler l'Amazonie, c'est aussi grave que le chômage provoqué par les décisions arbitraires des spéculateurs de l'économie globale. Nous ne pouvons pas laisser les réserves financières brûler des pays entiers pour le bon plaisir de la spéculation. Avant l‘Amazonie, j‘aimerais assister à l‘internationalisation de tous les grands musées du monde. Le Louvre ne doit pas appartenir à la seule France. Chaque musée du monde est le gardien des plus belles œuvres produites par le génie humain. On ne peut laisser ce patrimoine culturel, au même titre que le patrimoine naturel de l‘Amazonie, être manipulé et détruit selon la fantaisie d‘un seul propriétaire ou pays. Si les Etats-Unis veulent internationaliser l'Amazonie, à cause du risque que fait courir de la laisser entre les mains des Brésiliens, alors internationalisons aussi tout l'arsenal nucléaire des Etats-Unis.(...)"
Voilà un discours que la presse nord-américaine a refusé de publier. Je me souviens de même de la venue de certains Français en 1992 à Bucarest. Ils posaient, avec de grands airs, toujours la même question à leurs hôtes roumains :"Comment avez-vous pu conserver si longtemps un tyran comme Ceaucescu? Je ne comprends pas; moi, à votre place, je n‘aurais pas ..." Les Roumains sont gentils et ils étaient vraiment gênés par la bêtise de la question. Alors, ils souriaient légèrement et ils parlaient d'autre chose. Mais à un moment, excédé par l'arrogance répétitive de ces messieurs, l'un d'eux répondit :"Nous avions derrière nous, derrière nos portes, la police et l'armée. Alors que vous, occidentaux, qui vous a forcé à faire d’Elena Ceaucescu un docteur Honoris Causa de vos universités, alors que vous saviez parfaitement qu'elle était ignare?"
Ce qu'il faut retenir de ces témoignages, c'est que le colonialisme n'existe plus en tant que mot, mais qu'il est bien vivant en tant que pratique. Nous intervenons dans les pays qui ne sont pas capables d'élire le président qui nous convient, qui ne respectent pas le mode de vie occidental, qui s'opposent à notre vision du monde. Mais bien sûr nous le faisons au nom de l'humanité, c'est-à-dire au nom du F.M.I.
Benoît Vitse

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