jeudi 20 mai 2010

Non, les Grecs n'ont rien à payer!


Depuis des mois, on nous fait croire que les Grecs ont des dettes, des millions d'euros à rembourser, des factures démentielles à honorer. Certains proposaient même à la Grèce de vendre des îles et des crétins se voyaient bien acheter la Crète. Après des semaines de tergiversation, les chefs d'États européens et le Fonds Monétaire International, désormais dirigé par un gauchiste, ont tranché un dimanche de mai. Ils seront garants d'un prêt de 750 milliards d'euros à ce pauvre pays. En échange, les dirigeants grecs devront appliquer un programme drastique : réduction des salaires dans la fonction publique, disparition des congés payés, mise à la retraite à 67 ans, augmentation des impôts, hausse de la T.V.A. et bien sûr la privatisation des secteurs entiers de l'économie : eau, gaz, électricité, telecoms, poste, transports en commun. Voilà un programme ambitieux et qui fait son effet. Un programme qui est promis à tous les autres pays pour mettre fin à la crise. Déjà l'Espagne et le Portugal ont annoncé des mesures rigoureuses pour ne pas en arriver à se faire montrer du doigt comme la Grèce. Tous ces pays méditerranéens incapables de sauter une sieste pour aller travailler plus pour gagner plus, aurait maugréé notre président.
Ce fameux dimanche de mai, les sourires étaient donc sur toutes les lèvres de nos ministres européens. A les entendre, ils avaient sauvé l'Euro, l'Europe et les Européens. Alors, on pouvait s'attendre à des manifestations populaires de joie et de soulagement dans toutes les grandes capitales. Les citoyens n'auraient-ils pas compris la portée de ces accords historiques? Toujours est-il que personne n'est descendu dans la rue. Mais le lendemain, les bourses ont pallié ce manque d'enthousiasme et de lucidité en augmentant leurs indices d'un minimum de 10%, et les banques se sont distinguées avec des scores de 25%. Les marchés étaient rassurés. C'est la seule préoccupation des maîtres du monde : rassurer les marchés. Les populations sont inquiètes, mais les bourses respirent. Nos dirigeants se font élire par les citoyens, mais se mettent au service des marchés.
Il faut dire que si la Communauté Européenne est venue au secours d'un pays en crise, c'est simplement que la Grèce risquait de ne plus rembourser les banques françaises, allemandes ou anglaises. C'est bien pourquoi plusieurs personnalités politiques ont déclaré : « En sauvant la Grèce, nous nous sauvons nous-mêmes.» Avant d'être chefs d'Etat, il ne faut pas oublier qu'ils sont d'abord courtiers en banque. La France avait aussi un autre intérêt à ce que la Grèce retrouve des disponibilités financières. Mauvais élève en matière économique, la Grèce a quand même le mérite d'avoir les dépenses militaires les plus élevées de l’Union Européenne atteignant les quelques 6 milliards d’euros pour 2010. Ceci représente 2,8% de son PIB. Ses principaux fournisseurs sont les Etats-Unis, la Russie, l’Italie, la France et l’Allemagne. La Grèce est le troisième client dans ce domaine pour la France.
Que le personnel politique grec soit particulièrement touché par la corruption, qu'il y ait eu des budgets déguisés, des trucages pour ne pas faire apparaître le vrai déficit, il n'y a rien qui puisse nous étonner tant cela est répandu dans tous les pays. Mais en quoi les fonctionnaires et les travailleurs grecs ont-ils une responsabilité? Ce pays est traité comme un pays qui a perdu une guerre. Sarkozy et Merkel dictent leurs conditions. Ils exigent des réparations, aurait-on dit à une autre époque. Le citoyen grec n'a pas voulu la guerre réelle ou économique; il n'a profité d'aucun bénéfice; il n'a pas vu ses conditions de vie s'améliorer. Et pourtant, c'est lui qui va payer.
Et puis, le Portugal, l'Espagne sont prévenus. Il faut agir. Encore une fois, Bruxelles et le F.M.I. ont des exigences draconiennes comme disent les journalistes économiques. Le gouvernement socialiste espagnol va appliquer le plan d'austérité qu'il a prévu pour diminuer les déficits publics "à n'importe quel prix", a assuré le chef du gouvernement, José Luis Rodriguez Zapatero. Mais ce sont tous les pays d'Europe qui appliquent désormais sans pudeur et sans scrupule ces plans de rigueur, profitant de la crise pour faire passer des lois iniques, des attaques brutales contre les acquis sociaux, des mesures qui auraient suscité, il y a encore quelque temps, des barricades et des manifestations monstres. Déjà, la Roumanie a donné le ton : Bucarest a annoncé un train de mesures, incluant une baisse de 25% des salaires de la fonction publique et de 15% des retraites et allocations chômage.
Mais rien n'est jamais joué. Pour le moment, il faut au moins refuser toutes ces mesures qui frappent d'abord le peuple grec, en attendant les autres victimes. Non, les Grecs ne doivent rien à personne! Ils ont le droit de vivre normalement et nous devons leur apporter notre soutien parce que nous aussi nous pouvons dire : «Soutenir le peuple grec, c'est nous soutenir nous-mêmes!»

1 commentaire:

Unknown a dit…

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