vendredi 2 juillet 2010
J'ai perdu un pays dans un verre d'eau
photographie de Guillaume Robert
A Lucian Vasiliu
Le pays s'est dissous sans mot dire.
Je n'ai pas bu l'eau troublée.
J'ai levé le verre devant la fenêtre.
Dans le liquide qui n'était plus de l'eau
s'agitaient des formes étranges,
mais pas du tout étrangères.
Une odeur, un parfum de Roumanie...
La tête me tournait délicatement.
Une poussière se formait à la surface,
la même poussière que j'ai encore
dans les cheveux et les sourcils.
Puis l'odeur se fit âcre, farouche.
Le verre faillit m'échapper des doigts.
A travers le liquide brouillé, un pope,
une fille nue souriant à un peintre naïf,
une fanfare sur un quai de gare,
des chevaux tirés par des carrioles
et un théâtre de quartier assiégé.
Un cri venait de l'intérieur du mur.
Les oreilles me faisaient mal.
le verre me coupait la main,
les visions me tiraient des larmes.
Monastères hantés et hantise des moines.
Des enfants de la rue, pas même tziganes,
s'abandonnaient dans les égouts.
Tout semblait perdu, définitivement.
Comme un œuf que la poule suicide
par lassitude et par caprice
et qui éclate, éclabousse les bottes
du paysan jamais rassasié.
Plus rien de solide dans le liquide,
et plus de poète pour m'expliquer
pourquoi la nuit était tombée si vite.
A Lucian Vasiliu
Le pays s'est dissous sans mot dire.
Je n'ai pas bu l'eau troublée.
J'ai levé le verre devant la fenêtre.
Dans le liquide qui n'était plus de l'eau
s'agitaient des formes étranges,
mais pas du tout étrangères.
Une odeur, un parfum de Roumanie...
La tête me tournait délicatement.
Une poussière se formait à la surface,
la même poussière que j'ai encore
dans les cheveux et les sourcils.
Puis l'odeur se fit âcre, farouche.
Le verre faillit m'échapper des doigts.
A travers le liquide brouillé, un pope,
une fille nue souriant à un peintre naïf,
une fanfare sur un quai de gare,
des chevaux tirés par des carrioles
et un théâtre de quartier assiégé.
Un cri venait de l'intérieur du mur.
Les oreilles me faisaient mal.
le verre me coupait la main,
les visions me tiraient des larmes.
Monastères hantés et hantise des moines.
Des enfants de la rue, pas même tziganes,
s'abandonnaient dans les égouts.
Tout semblait perdu, définitivement.
Comme un œuf que la poule suicide
par lassitude et par caprice
et qui éclate, éclabousse les bottes
du paysan jamais rassasié.
Plus rien de solide dans le liquide,
et plus de poète pour m'expliquer
pourquoi la nuit était tombée si vite.
Am pierdut o țară într-un pahar cu apă
Am pierdut o țară într-un pahar cu apă
Lui Lucian Vasiliu
Țara-ntreagă s-a topit fără să spună un cuvânt.
N-am băut apa tulbure
Am ridicat paharul în fața ferestrei.
În lichidul care nu mai era apă
se agitau forme ciudate,
dar deloc străine.
Un miros, un parfum din România...
O amețeală mă cuprinse delicat.
Un praf se formase la suprafață,
același praf pe care-l am încă
în păr și în sprâncene.
Apoi mirosul deveni caustic, sălbatic.
Paharul era cât pe ce să-mi alunece printre degete.
În lichidul haotic – un popă,
o fată goală zâmbindu-i unui pictor naiv,
cai trași de căruțe
și un teatru de cartier asediat.
Un strigăt răzbea de printre ziduri
Urechile mă dureau.
paharul îmi tăie mâna,
închipuirile îmi smulgeau lacrimi
Mănăstiri bântuite și obsesia călugărilor.
Copii ai străzii, nici măcar țigani,
se abandonau în canale.
Totul părea definitv pierdut.
Ca pe un ou pe care găina îl strivește
din plictiseală și din capriciu
și care, zdrobit, mânjește cizmele
țăranului nicând sătul
Nici urmă de ceva solid în lichid,
și nici urmă de poet care să-mi explice
de ce noaptea s-a lăsat așa devreme.
jeudi 17 juin 2010
Football?
Les inégalités se creusent entre riches et pauvres en Afrique du Sud. Et l'écart est encore plus marquant entre Noirs et Blancs. Depuis la fin du régime ségrégationniste, le revenu mensuel moyen des Noirs a augmenté de 37,3 %, celui des Blancs de 83,5 %. Des données qui ont fait dire à Haroon Bhorat, économiste de l'université du Cap, que l'Afrique du Sud est «la société la plus inégalitaire au monde». On constate donc que la fin de l'Apartheid ne signifie pas du tout l'apparition d'une société réellement démocratique. En réalité, il apparaît clairement que le régime de ségrégation raciale devenait obsolète et suscitait un tollé de protestations au nom des grands principes. Bref, on n'en avait plus besoin et on pouvait asseoir une domination sans ces oripeaux. De même, les régimes staliniens sont tombés parce qu'ils étaient devenus inutiles pour conserver le pouvoir. Le capitalisme règne aujourd'hui en Chine sans pour autant qu'on puisse parler d'avancées démocratiques. Après la seconde guerre mondiale, il était absolument nécessaire de construire des régimes autoritaires, au point de s'y accrocher en construisant des murs comme en Allemagne de l'Est. Avec le temps, le capitalisme financier a pris une telle ampleur et une telle complexité que les Etats démocratiques n'ont plus besoin de couverture pour imposer leurs mesures anti-démocratiques. La mondialisation a brouillé toutes les cartes.
Et d'ailleurs pourquoi parle-t-on aujourd'hui de l'Afrique du Sud? Parce qu'il s'y déroule la Coupe du Monde de football. Sachant qu'il va être question de matches tous les jours pendant un mois, il est assez étonnant de constater qu'au lieu de parler d'autres choses, tous les médias n'ont plus d'autres sujets d'actualité. En attendant que commence la compétition, on nous fait visiter l'hôtel où logent les joueurs. On ne nous épargne aucune des plus petites blessures, ni même les intoxications alimentaires. On sait que certains entraineurs acceptent que leurs joueurs sortent avec des entraineuses, et d'autres non. Tout a été fait en temps et en heures pour que nous puissions jouer également par l'intermédiaire de paris sur les résultats. Les hommes politiques sont sollicités pour donner leurs pronostics. Les émissions culturelles rappellent qu'Albert Camus fut gardien de but. Effectivement, tout tourne autour du ballon. Et c'est assez symptomatique de ce qu'il se passe aujourd'hui dans tous les domaines : il faut créer l'événement. Ainsi il devient impossible de trouver des billets pour certains spectacles, alors que les salles sont quasiment vides pour les autres. Il n'y a plus d'alternative.
Mais la mondialisation n'élimine pas toute forme de nationalisme. On le vérifie avec ce «Mondial». Il est d'ailleurs curieux de constater que les meilleurs clubs de football européens sont complètement composés de mercenaires étrangers. Ainsi on assiste à cet étrange spectacle de tifosi applaudissant leur équipe, l'Inter de Milan, dans laquelle ne figure aucune Italien et insultant pendant 90 minutes les italiens de l'équipe d'en face. En France, le gouvernement est devenu très sensible à tous les manques de respect pour le drapeau et l'hymne national. Le ministre de l'Intérieur demande des lois vigoureuses pour toute insulte contre ces symboles; même les artistes seront soumis à ces dispositions et risqueront la prison. On a interdit une exposition parce qu'une photographie montrait un jeune homme s'essuyant le derrière avec le drapeau français. Quand je pense à ce qu'on faisait sur scène avec le drapeau et la Marseillaise dans les années 1970, je me dis qu'il y a bien des libertés qui ont disparu. Même au Moyen-Age, on avait plus de liberté, il suffit pour s'en convaincre de lire le Roman de Renart :
«Renart a arraché son drapeau et il crie: «Sire roi, voilà votre chiffon! Que Dieu maudisse le bougre qui m’a encombré de cette loque!» Il s’en torche le derrière sous les yeux des bêtes, puis la leur jette à la tête […].»
Le parjure de Renart est ici d’autant plus grave qu’il s’agit d’un engagement religieux. A une époque où la majeure partie de la population croyait à l’enfer et au paradis, son geste est doublement abominable car il manque à sa parole et à sa foi: il montre par là qu’il ne craint véritablement rien, pas même la damnation. Renart est un affranchi, un être libre de toutes les chaînes que peuvent s’imposer ses ennemis, raison pour laquelle il leur est si redoutable.
fotbal?
Inegalitățile dintre bogați și săraci se accentuează în Africa de Sud iar dintre negri și albi, diferența este și mai mare. De la finalul regimului segregaționist, venitul mediu lunar al begrilor a crescut cu 37,3%, pe când cel al albilor cu 83,5%. Date ce l-au determinat pe economistul Haroon Bhorat de la Universitatea din Capul Verde să declare că este „societatea cea mai inegalitară din lume”. Constatăm deci că sfârșitul Apartheidului nu înseamnă deloc apariția unei societăți cu adevărat democratice. În realitate, s-a văzut clar că regimul de segregație rasială devenea depășit și suscita proteste violente în numele marilor principii. Pe scurt, nu mai era nevoie de el și se putea instaura o dominație fără falsități. La fel, regimurile staliniste au căzut deoarece deveniseră complet inutile pentru păstrarea puterii. Capitalismul domnește astăzi în China și cu toate acestea nu se poate vorbi despre o democrație avansată. După cel de-al Doilea Război Mondial era neapărat necesară construirea de regimuri autoritare, mergând până la construirea de ziduri ca în Germania de Est. Cu timpul, capitalismul financiar a căpătat o asemenea amploare și o așa complexitate încât Statele democratice n-au mai avut nevoie de acoperire pentru a-și impune măsurile antidemocratice. Mondializarea a amestecat toate cărțile.
Și de fapt de ce se vorbește astăzi despre Africa de Sud? Pentru că acolo se desfășoară Cupa Mondială la fotbal. Dat fiind faptul că vor fi meciuri în fiecare zi timp de o lună, este destul de surprinzător să constatăm că în loc să vorbească despre altceva, toată mass media nu mai are alte subiecte de actualitate. În așteptarea începutului competiției, suntem părtași la vizita hotelului în care sunt cazați fotbaliștii. Nu suntem scutiți de nici cea mai mică accidentare, nici măcar de intoxicațiile alimentare. Aflăm că anumiți antrenori acceptă ca anumiți jucători să iasă însoțiți de escort-girls, iar alții nu. Totul a fost din timp pus la punct ca să putem juca și noi prin intermediul pariurilor pe rezultate. Până și oamenii politici sunt solicitați să-și dea pronosticurile. Iar emisiunile culturale ne reamintesc că Albert Camus a fost portar într-o echipă. Ce mai încolo și încoace, totul se învârte în jurul balonului. Și acest simptom se regăsește astăzi în toate domeniile: trebuie creat evenimentul. Astfel, e imposibil să găsești bilete pentru anumite spectacole, în timp ce la altele sălile sunt goale. Alternativa nu mai există.
Însă mondializarea nu elimină orice formă de naționalism. Este lucru dovedit cu această „Mondială”. De altfel e curios să constați că cele mai bune cluburi de fotbal europene sunt în întregime compuse de mercenari străini. Așa se face că asistăm la ciudatul spectacol al suporterilor Inter Milano, de exemplu, care își aplaudă echipa în care nu figurează niciun italian și care îi insultă timp de 90 de minute pe italienii echipei adverse. În Franța, guvernul a devenit foarte sensibil la orice lipsă de respect pentru drapelul și imnul național. Ministrul de Interne solicită pedespe riguroase pentru cea mai mică insultă la adresa acestor simboluri; chiar și artiștii vor fi supuși acestor dispoziții și vor risca să fie închiși. O expoziție a fost interzisă pentru că într-una dintre fotografii un tânăr își ștergea fundul cu drapelul francez. Când îmi amintesc ce făceam pe scenă cu drapelul și cu Marseilleza prin anii 1970, chiar cred că multe libertăți au dispărut. Până și în Evul Mediu era mai multă libertate, e suficient să citești Romanul lui Renart: „Renart a smuls drapelul și a strigat: Sire, iată cârpa dumneavoastră! Să-l blesteme Dumnezeu pe acest imbecil care m-a încurcat cu zdreanța asta! Și-și șterge cu el posteriorul sub ochii animalelor, apoi li-l aruncă în plină figură (...)”.
Încălcarea jurământului de către Renart este aici cu atât mai grav cu cât este vorba de un angajament religios. Într-o epocă în care cei mai mulți credeau în Infern și în Paradis, gestul său este de două mai abominabil, și pentru încălcarea cuvântului dat, dar și pentru încălcarea credinței: prin aceasta demonstrează că nu se teme chiar de nimic, nici măcar de damnațiune. Renart este un om liber, o ființă eliberată din strânsoarea tuturor lanțurilor pe care și le pot impune proprii săi dușmani, motiv pentru care este în ochii lor atât de redutabil.
jeudi 3 juin 2010
Lettre du haut fonctionnaire au théâtre à un directeur de troupe
Monsieur le Directeur,
Vous avez sollicité du Ministère de la Culture une subvention pour la création de la pièce d'Anton Tchékov : «Les Trois Sœurs». Je vous félicite de votre choix. Cet auteur russe présente tous les critères de haut niveau et cette exigence d'excellence que nous n'avons de cesse que nous les imposions sur les scènes françaises. Par ailleurs, nous pouvons convenir que vos spectacles précédents ont laissé une plutôt bonne impression dans les cœurs, dans les esprits et globalement dans la presse. Nous suivons votre travail avec constance et intérêt.
Pourtant, il faut considérer la situation actuelle sur un plan plus général. La crise qui frappe tous les gouvernements européens nous oblige à reconsidérer nos choix, à faire des coupes sombres dans les projets les plus ambitieux. Aujourd'hui, il faut faire de l'Economie et des économies. Comme vous le savez, notre pays doit investir dans l'achat d'un nouvel avion pour notre président de la République (plus confortable et plus digne de sa fonction). La France a également la chance d'avoir été choisi pour accueillir le championnat européen de football. C'est une grande fierté pour nous tous, mais aussi une facture de un milliard sept cents millions d'euros. De plus, le premier ministre nous a demandé de participer financièrement au défilé du 14 juillet et au Tour de France cycliste, car il considère que ce sont de grands spectacles édifiants pour notre population. Si vous aviez choisi de vous inscrire dans le domaine du Nouveau Cirque ou de la Musique Ancienne, il nous resterait encore quelques moyens pour vous aider et vous encourager. Mais le théâtre est victime d'un trop grand nombre de comédiens, de metteurs en scène, d'auteurs ET SURTOUT DE TROUPES. Songez que dans votre seul département, nous avons pu identifier quelques 60 compagnies (alors qu'il faut souvent chercher longtemps avant de trouver un boulanger) ; c'est assez dire que nous nous trouvons devant un dilemme, un déchirement. Dans une telle période de crise, il est important que le Ministère de la culture, comme celui de l'Education Nationale et celui de la Santé, donne le bon exemple. Nos trois ministères ont été par le passé excessivement budgétivores. Monsieur Jack Lang, dont nous aimons par ailleurs la bonhomie et l'esprit d'ouverture, a pris des mesures que nous payons aujourd'hui un peu trop cher.
Certes, nous ne pouvons que constater que depuis vingt ans, vous avez suscité un bon accueil, généré autour de votre équipe un foisonnement d'événements, attiré un grand nombre de jeunes à vos créations. Encore une fois, nous ne discutons pas cet impact et nous vous remercions de tout cœur. Aussi, nous voulons absolument vous venir en aide. Vous trouverez donc ci-joint une liste de sponsors, de parrains, de bienfaiteurs privés que vous pouvez contacter de notre part. Une troupe dynamique, aujourd'hui, se doit de trouver un ou plusieurs sponsors. Savez-vous qu'au Japon le Théâtre National est le Théâtre Toyota? Il faut savoir prendre à l'étranger les idées qui feront la France de demain. Un sponsor de grande audience et vous serez considéré tout autrement, ne serait-ce qu'ici dans nos bureaux. En effet, le Ministère n'a pas les moyens de déplaire à Danone ou à Carrefour; si vous êtes soutenu par de tels parrains nous devrons nous aligner et nous le ferons avec plaisir.
Cependant, nous voulons déjà faire un geste et vous montrer que nous ne sommes pas indifférents à votre beau projet. Nous souhaitons vivement que vous puissiez monter ce chef-d'œuvre de Tchékov d'une façon ou d'une autre. «Les Trois Sœurs», c'est trop pour le budget dont nous disposons cette année. En relisant le texte russe dans l'édition originale, nos experts estiment qu'avec de légères modifications, on peut tout à fait réaliser «Les Deux Sœurs», ce qui limiterait le nombre de comédiens et faciliterait le montage financier de votre création. Nous tenons à votre disposition l'adaptation qui permettrait de satisfaire à la fois votre amour du théâtre russe et notre vœux de réaliser des économies, qui sauveront le pays de la faillite.
En vous renouvelant nos félicitations pour le travail accompli et nos encouragements pour vos projets, nous vous prions, Monsieur le Directeur, de croire en l'expression de nos sentiments dévoués.
Scrisoarea unui înalt funcționar în teatru către un director de trupă
Domnule Director,
Ați solicitat Ministerului Culturii o subvenție pentru montarea piesei lui Anton Cehov, „Trei surori”. Vă felicit pentru alegerea dumneavoastră. Acest autor rus prezintă toate criteriile de înalt nivel, această exigență de excelență pe care n-am încetat să o cerem pe scenele românești. De altfel, putem spune că și spectacolele dumneavoastră precedente au lăsat o foarte bună impresie.
Totuși, trebuie să considerăm situația actuală pe un plan mai general. Criza care lovește în toate guvernele europene ne obligă să ne refacem opțiunile, să diminuăm sumbru cele mai ambițioase proiecte. Astăzi, trebuie să facem Economie și economii. După cum bine știți, țara noastră trebuie să investească în achiziționarea unui nou avion pentru președintele Republicii noastre (mai confortabil și mai demn de funcția sa). După cum bine știți, ministerul nostru este în egală măsură și ministerul cultelor și ni s-a solicitat susținerea financiară a sărbătorilor de Crăciun și de Paște. Este o mare mândrie pentru noi dar și o factură de plată consistentă. În plus, primul ministru ne-a cerut să participăm, de asemenea, financiar la defilarea de pe 1 Decembrie, deoarece consideră că acesta este un spectacol edificator pentru poporul nostru. Dacă ați fi ales să vă înscrieți în domeniul Frescei Religioase sau al Paradei Militare, ne-ar mai fi rămas încă ceva mijloace pentru a vă ajuta și a vă încuraja. Dar, din păcate, teatrul este victima unui număr mult prea mare de actori, regizori, autori și în special trupe. Gândiți-vă că numai în județul dumneavoastră, am identificat nu mai puțin de 30 de companii teatrale (în timp ce adesea trebuie să cauți destul de mult un simplu magazin de pâine); este suficient să spunem că ne aflăm în fața unei dileme sfâșietoare. Într-o asemenea perioadă de criză, este foarte important ca Ministerul Culturii, ca și cele al Educației și al Sănătății să dea un bun exemplu. În special aceste trei ministere care au un trecut excesiv bugetivor.
Cu siguranță, nu putem decât să constatăm că de 20 de ani, trupa dumneavoastră a suscitat un mare interes prin multitudinea de evenimente iar creațiile voastre au atras foarte mulți tineri. Încă o dată, nu contestăm acest impact, vă mulțumim din suflet și dorim neapărat să vă ajutăm. Vă alăturăm deci o listă de sponsori, de binevoitori privați, pe care îi puteți contacta din partea noastră. O trupă dinamică, în ziua de azi, trebuie să-și găsească unul sau mai mulți sponsori. Nu știți că, în Japonia, Teatrul Național este Teatrul Toyota? Trebuie să știi să iei din străinătate ideile ce vor face România de mâine. Un sponsor de mare audiență și veți fi privit cu totul altfel, ți asta nu doar aici în birourile noastre. De fapt, Ministerul nu-și permite să intre în dizgrațiile companiilor Coca-Cola sau Carrefour; dacă sunteți susținut de asemenea patronate, ne vom alinia și noi, la rândul nostru, și vă vom ajuta cu plăcere.
În acest răstimp, vrem deja să facem un gest și să vă arătăm că nu suntem indiferenți în ceea ce privește frumosul vostru proiect. Ne dorim cu ardoare să puteți pune în scenă această capodoperă a lui Cehov, într-un fel sau altul. „Trei surori” este prea mult pentru bugetul de care dispunem în acest an. Recitind textul original al piesei, experții noștri estimează că, recurgând la modificări minore, s-ar putea realiza „Două surori”, lucru ce ar limita numărul de actori implicați și ar facilita ajutorul financiar acordat creației voastre. Vă putem pune la dispoziție adaptarea ce ar permite să satisfacem în același timp dragostea voastră pentru teatrul rus dar și dorința noastră de a face economii pentru salvarea țării de la faliment.
Reînnoindu-mi felicitările pentru munca depusă și încurajările proiectelor voastre, vă adresez, Domnule Director, expresia celor mai distinse gânduri.
jeudi 20 mai 2010
Non, les Grecs n'ont rien à payer!
Depuis des mois, on nous fait croire que les Grecs ont des dettes, des millions d'euros à rembourser, des factures démentielles à honorer. Certains proposaient même à la Grèce de vendre des îles et des crétins se voyaient bien acheter la Crète. Après des semaines de tergiversation, les chefs d'États européens et le Fonds Monétaire International, désormais dirigé par un gauchiste, ont tranché un dimanche de mai. Ils seront garants d'un prêt de 750 milliards d'euros à ce pauvre pays. En échange, les dirigeants grecs devront appliquer un programme drastique : réduction des salaires dans la fonction publique, disparition des congés payés, mise à la retraite à 67 ans, augmentation des impôts, hausse de la T.V.A. et bien sûr la privatisation des secteurs entiers de l'économie : eau, gaz, électricité, telecoms, poste, transports en commun. Voilà un programme ambitieux et qui fait son effet. Un programme qui est promis à tous les autres pays pour mettre fin à la crise. Déjà l'Espagne et le Portugal ont annoncé des mesures rigoureuses pour ne pas en arriver à se faire montrer du doigt comme la Grèce. Tous ces pays méditerranéens incapables de sauter une sieste pour aller travailler plus pour gagner plus, aurait maugréé notre président.
Ce fameux dimanche de mai, les sourires étaient donc sur toutes les lèvres de nos ministres européens. A les entendre, ils avaient sauvé l'Euro, l'Europe et les Européens. Alors, on pouvait s'attendre à des manifestations populaires de joie et de soulagement dans toutes les grandes capitales. Les citoyens n'auraient-ils pas compris la portée de ces accords historiques? Toujours est-il que personne n'est descendu dans la rue. Mais le lendemain, les bourses ont pallié ce manque d'enthousiasme et de lucidité en augmentant leurs indices d'un minimum de 10%, et les banques se sont distinguées avec des scores de 25%. Les marchés étaient rassurés. C'est la seule préoccupation des maîtres du monde : rassurer les marchés. Les populations sont inquiètes, mais les bourses respirent. Nos dirigeants se font élire par les citoyens, mais se mettent au service des marchés.
Il faut dire que si la Communauté Européenne est venue au secours d'un pays en crise, c'est simplement que la Grèce risquait de ne plus rembourser les banques françaises, allemandes ou anglaises. C'est bien pourquoi plusieurs personnalités politiques ont déclaré : « En sauvant la Grèce, nous nous sauvons nous-mêmes.» Avant d'être chefs d'Etat, il ne faut pas oublier qu'ils sont d'abord courtiers en banque. La France avait aussi un autre intérêt à ce que la Grèce retrouve des disponibilités financières. Mauvais élève en matière économique, la Grèce a quand même le mérite d'avoir les dépenses militaires les plus élevées de l’Union Européenne atteignant les quelques 6 milliards d’euros pour 2010. Ceci représente 2,8% de son PIB. Ses principaux fournisseurs sont les Etats-Unis, la Russie, l’Italie, la France et l’Allemagne. La Grèce est le troisième client dans ce domaine pour la France.
Que le personnel politique grec soit particulièrement touché par la corruption, qu'il y ait eu des budgets déguisés, des trucages pour ne pas faire apparaître le vrai déficit, il n'y a rien qui puisse nous étonner tant cela est répandu dans tous les pays. Mais en quoi les fonctionnaires et les travailleurs grecs ont-ils une responsabilité? Ce pays est traité comme un pays qui a perdu une guerre. Sarkozy et Merkel dictent leurs conditions. Ils exigent des réparations, aurait-on dit à une autre époque. Le citoyen grec n'a pas voulu la guerre réelle ou économique; il n'a profité d'aucun bénéfice; il n'a pas vu ses conditions de vie s'améliorer. Et pourtant, c'est lui qui va payer.
Et puis, le Portugal, l'Espagne sont prévenus. Il faut agir. Encore une fois, Bruxelles et le F.M.I. ont des exigences draconiennes comme disent les journalistes économiques. Le gouvernement socialiste espagnol va appliquer le plan d'austérité qu'il a prévu pour diminuer les déficits publics "à n'importe quel prix", a assuré le chef du gouvernement, José Luis Rodriguez Zapatero. Mais ce sont tous les pays d'Europe qui appliquent désormais sans pudeur et sans scrupule ces plans de rigueur, profitant de la crise pour faire passer des lois iniques, des attaques brutales contre les acquis sociaux, des mesures qui auraient suscité, il y a encore quelque temps, des barricades et des manifestations monstres. Déjà, la Roumanie a donné le ton : Bucarest a annoncé un train de mesures, incluant une baisse de 25% des salaires de la fonction publique et de 15% des retraites et allocations chômage.
Mais rien n'est jamais joué. Pour le moment, il faut au moins refuser toutes ces mesures qui frappent d'abord le peuple grec, en attendant les autres victimes. Non, les Grecs ne doivent rien à personne! Ils ont le droit de vivre normalement et nous devons leur apporter notre soutien parce que nous aussi nous pouvons dire : «Soutenir le peuple grec, c'est nous soutenir nous-mêmes!»
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